Monday, 22 June 2009

Chenille et papillon

Aujourd'hui c'est lundi, ce qui veut dire que je me rapproche sensiblement de mon jour de la semaine préféré! C'est 19:40 qui plus est (le repas est pret, je suis tout a fait dans mon droit en écrivant un article a cette heure ci!), et il reste environ 12 heures jusqu'a ce que ... j'aille bosser! Eh oui, j'ai hate d'aller travailler! Non non, je suis pas folle, c'est juste que j'aime mon travail. Comment ne pas aimer un boulot ou l'on peut partir a 9h00 pour arriver a 9h00, ou on passe la journée entourée d'enfants dans une ambiance calme et paisible a boire du thé et a discuter avec eux? Un environnement ou enfants et adultes sont en parfaite égalité, ou on ne prononce pas un mot plus haut que l'autre, ou on évolue et respecte les autres tout en développant une personnalité profonde?

Je n'ai jamais autant appris qu'en observant ces enfants. Il y a méprise depuis trop longtemps. C'est eux qui nous enseignent, pas l'inverse. A force d'apprendre aux enfants a devenir adultes, on oublie que l'enfance est autre chose qu'un passage vers un age plus respectable. Plus respectable, oui. Car rares sont les adultes qui respectent les enfants. Qui les traitent comme ils traiteraient un adulte. Avant la puberté, il semblerait que les individus ne soient que des sous-adultes, des adultes en devenir. Je pense a cette expression, adulte en devenir. Les adultes ne sont pas des personnes agees en devenir, alors quoi, aurait-on perdu tout but dans la vie une fois adulte?


J'écoutais tout a l'heure une chanson de Charlotte Gainsbourg qui disait "I read a magazine that said by seventeen your life is at an end". Pour moi, la vie se divise en deux. L'enfance constitue la premiere partie, puis vient l'entracte avec l'adolescence, ou l'on ne se situe plus dans l'enfance, pas encore dans la vie adulte (j'ai failli écrire l'adultere), et enfin la deuxieme et derniere partie, qui pour beaucoup de gens n'a plus aucun lien avec la premiere. Une fois papillon, on ne veut plus entendre parler de la chenille. Puis vient un moment dans la vie de papillon ou l'on devient parent a son tour, et la boucle est bouclée.

J'étais pas du tout partie pour philosopher, je voulais parler de mon travail a la nursery, ou plutot du travail des enfants, et puis voila, je me laisse emporter. Jeudi dernier, j'ai passé l'apres-midi avec quatre enfants a construire une arche avec le matériel montessori du grand pont romain dont la photo est ci-dessous.


Ce matériel est présenté en vrac dans un panier, et j'avais jamais su comment s'en servir avant qu'un enfant de trois ans ne me montre. Lui, on lui avait jamais montré, il avait regardé les autres faire. Au début, j'ai cru qu'il faisait n'importe quoi. J'ai cru qu'il piochait les pieces au hasard dans le panier et les empilait sans but précis. Il regardait a peine dans le panier, les yeux rivés sur sa construction. Et peu a peu, étage par étage, c'est monté. On voit bien sur la photo que les pieces sont de taille différentes. Eh bien le petit Aaron savait exactement ou mettre quelle piece, en les attrappant délicatement du bout du pouce et de l'index, plus concentré que jamais et imperturbable par les enfants qui s'agglutinaient peu a peu autour de lui, attendant leur tour.

Le but de la manoeuvre est en fait de batir une arche qui tient toute seule, en utilisant un support au début et en construisant tres solidement pour pouvoir s'en passer une fois terminé. C'est un travail qui demande énormément de concentration (j'ai essayé et n'y suis parvenue qu'a grande peine), de minutie et de patience.

Quand Aaron eut terminé, il laissa sa place a Olivia, qui n'avait jamais fait cette activité avant. Meme si je venais d'observer Aaron construire le pont, j'étais tout a fait incapable de montrer a Olivia quelle piece poser ou! Heureusement qu'Aaron a bien voulu l'aider, en triant les pieces pour elle, sans toutefois lui dire ou les mettre, ca serait trop facile sinon! Ce petit garcon est un exemple extraordinaire de l'apprentissage par la reproduction de gestes. Il sait non seulement comment batir le pont romain sans qu'on ne lui ait jamais montré explicitement, mais il sait aussi qu'aider trop un ami ne lui rendra pas service, attitude que le personnel de la nursery défend bec et ongles.

Le pont d'Aaron n'est qu'un exemple parmi les scenes dont je suis témoin a la nursery. J'en aurais tres certainement d'autres a raconter apres ma journée de demain. J'espere ne jamais cesser de m'émerveiller de leurs capacités et aptitudes, ainsi que de l'attitude qu'ils ont les uns vis a vis des autres.

1 comment:

  1. J'aime beaucoup ton interrogation sur le terme "adulte en devenir". J'avais envie d'y ajouter un grain de sel littéraire...On classe les oeuvres de littérature jeunesse dans deux grandes catégories ( je ne suis pas une adepte des classements, tu le sais, mais là c'est assez intéressant !) : la littérature de jeunesse régressive, et la littérature de jeunesse progressive...

    Régressive pour la littérature qui parle de l'enfance comme un paradis perdu, comme le moment de tous les bonheurs et de l'innocence profonde. Dans ces histoires devenir adulte est une contrainte malheureuse...On peut donc citer comme meilleur exemple de cette catégorie Peter Pan de Barrie...

    Progressive pour la littérature qui pousse l'enfant à grandir, qui considère que l'enfant est un "adulte en devenir" et qu'il faut donc lui apprendre, par les livres et les histoires, à devenir grand...Là, je citerai Pinocchio de Collodi...

    Alors, la question est lancée : est-ce l'enfant qui est un adulte en devenir ou bien l'adulte qui n'est plus un enfant ?

    Question de point de vue évidemment...Mais ( toujours du côté de la littérature et de son évolution) c'est assez intéressant de voir que tantôt on dit aux enfants " grandissez !!!" et tantôt " ne grandissez pas !!!"...

    Ça m'interroge...

    Bises et continue d'écrire j'attends la suite !!!

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